Situation de l’itinérance et de la toxicomanie en Inde et impact de la pandémie de COVID-19
La disponibilité d’un abri sûr et confortable est l’un des besoins humains élémentaires essentiels à la survie d’un individu et à son développement social. Cependant, même au 21e siècle, environ un cinquième de la population mondiale vit dans des conditions de logement inadéquates et on estime que plus de 100 millions de personnes sont sans abri (Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), 2021). Bien qu’il s’agisse d’un phénomène mondial, la majeure partie du fardeau du sans-abrisme est observée dans les zones urbaines densément peuplées des pays en développement. L’Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde, compte un nombre important de sans-abri estimé à environ 1,77 million (recensement de 2011, gouvernement de l’Inde). Cependant, certaines organisations non gouvernementales estiment que ce nombre est beaucoup plus élevé (Housing and Land Rights Network (HLRN), 2016). On estime que 68 millions de personnes supplémentaires vivent dans des bidonvilles urbains. La situation s’est améliorée au cours des deux dernières décennies. Entre 2001 et 2011, la proportion de sans-abri est passée de 0,19 % à 0,15 % de la population (recensement de 2011, gouvernement de l’Inde).
De nombreux travaux se sont concentrés sur la compréhension de la nature et de l’orientation de la relation entre la prévalence élevée des troubles liés à l’utilisation de substances et l’itinérance. Des études ont révélé que l’âge plus jeune de l’apparition de la consommation de substances, la dépendance à l’alcool et aux drogues illicites, la polytoxicomanie, la pauvreté et la présence d’une affection psychiatrique comorbide sont des prédicteurs indépendants de l’itinérance chez les patients atteints de troubles liés à l’utilisation de substances (Fountain et coll., 2003 ; Début 2004 ; Johnson et Chamberlain, 2008). De même, chez les sans-abri, le jeune âge, le décrochage scolaire, l’itinérance de longue durée, le fait d’avoir un pair ou un partenaire sexuel toxicomane, les pratiques d’adaptation négatives, le travail du sexe et la dépression comorbide sont associés à un risque accru de consommation de substances (Lowe et Gibson, 2011 ; Torchalla et al., 2011 ; Upshur et coll., 2017). Ces études mettent également en évidence certains facteurs sous-jacents communs tels que la pauvreté, les faibles capacités d’adaptation, etc., qui peuvent augmenter le risque de consommation de substances et d’itinérance chez une personne donnée. Il semble que la consommation de substances et l’itinérance partagent une relation bidirectionnelle complexe dans laquelle certains facteurs de risque augmentent le risque pour les deux affections, tandis que la consommation de substances et l’itinérance elles-mêmes augmentent la probabilité l’une de l’autre.
Le sans-abrisme est un défi social, de développement et de santé important dans un pays qui s’urbanise rapidement comme l’Inde. Les populations de sans-abri sont extrêmement vulnérables à divers problèmes de santé, en particulier les troubles liés à l’utilisation de substances, et n’ont souvent pas accès à des traitements de qualité. Au cours des deux dernières années, la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’aggraver cette vulnérabilité en raison de son impact économique disproportionné sur les couches les plus pauvres de la société. Bien que des mesures de soutien et d’aide aient été prises en faveur des sans-abri, il reste encore beaucoup à faire pour atténuer réellement l’impact de la pandémie. Bien que l’impact de la pandémie sur la disponibilité des substances psychoactives ne soit pas clair pour le moment, il y a eu des changements dans les habitudes de consommation de substances dans la communauté. Ces changements dans la nature et l’étendue de la consommation de substances et de l’accès aux traitements en raison de la pandémie sont mal compris et nécessitent une exploration scientifique plus approfondie.