Des chercheurs brésiliens présentent une étude qui apporte les tendances de la violence entre partenaires intimes au Brésil
La violence entre partenaires intimes (VPI) est un problème de santé publique important. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la prévalence globale de la VPI au cours de la vie chez les femmes qui ont déjà eu un partenaire est d’environ 30 %, allant de 20 à 40 % pour différentes régions du monde. Comparativement aux hommes victimes du VPI, les femmes sont plus susceptibles d’avoir des blessures graves. Important : plus d’un homicide sur dix est perpétré par un partenaire intime, et plus d’un tiers des homicides commis par des femmes sont commis par des partenaires.
Même si plusieurs études ont montré des taux de prévalence de la violence domestique plus élevés parmi les populations latines que dans d’autres groupes ethniques, seules des données rares sur le sujet sont disponibles en Amérique latine. Selon un récent rapport de l’OMS, le Brésil se classe au septième rang des taux d’homicides féminins dans 84 pays du monde, dépassant la plupart de ses voisins d’Amérique du Sud, à l’exception de la Colombie, de tous les pays d’Europe, à l’exception de la Russie, et de tous les pays africains et arabes.
Une enquête nationale menée en 2012 par le gouvernement brésilien a révélé que plus de 18 % de la population féminine nationale a déclaré avoir été victime de la VPI. Plus de la moitié des Brésiliens ont déclaré avoir commis au moins un acte de violence contre leur partenaire, bien que seulement 16% considèrent leur comportement violent.
Enfin, les données d’une enquête menée dans les grandes villes du Brésil ont révélé que 8,6 % de l’échantillon a déclaré avoir été victime de violence sexuelle de la part d’un partenaire intime, en particulier des femmes. Dans la première enquête brésilienne sur l’alcool et les drogues (I LENAD), menée en 2006, le VPI a été signalé par plus de 10 % des hommes et 15 % des femmes dans un échantillon représentatif à l’échelle nationale.
Pour faire face aux taux élevés de violence à l’égard des femmes au Brésil, une nouvelle loi qui prévoit des mesures de contrôle des sexes à l’égard des femmes a été promulguée en 2006. Cette loi, identifiée par le nom d’une victime de la VPI, Maria da Penha, a introduit un traitement pénal plus strict pour la violence à l’égard des femmes, ainsi que des innovations conceptuelles, telles que la reconnaissance de différentes formes de violence (physique, psychologique, sexuelle, liée aux biens et à la morale).
La nouvelle législation est entrée en vigueur en 2006, avec la première vague du LENAD I. La II LENAD a eu lieu 6 ans après la mise en œuvre de la loi Maria da Penha, offrant la possibilité d’évaluer les tendances de la VPI dans le pays avant et après la mise en œuvre de la loi.
Les associations entre la violence familiale (VPI et/ou maltraitance des enfants) et plusieurs facteurs ont été largement étudiées. Il existe des preuves concordantes montrant des taux plus élevés de VPI chez les gros buveurs et les personnes dépendantes de l’alcool. I LENAD a confirmé l’association entre le VPI et la consommation d’alcool. L’utilisation d’autres substances, telles que divers médicaments, tabac et hypnotiques, est également souvent associée à la VPI.
Cette étude, dirigée par le Dr Clarice Madruga, est rédigée par Elizabeth Z. Ally, Dr Ronaldo Laranjeira, Maria C. Viana, Ilana Pinsky, Raul Caetano et Sandro Mitsuhiro et son objectif était d’examiner les tendances du VPI au Brésil, ainsi que d’étudier les aspects sociodémographiques prédicteurs de la victimisation et de la perpétration de la VPI et d’éventuelles associations de VPI avec de l’alcool, du tabac et des substances illégales.
En conclusion, les résultats obtenus ont permis de mieux comprendre l’ampleur, les tendances et les facteurs liés au VPI au Brésil. Ces connaissances seront utiles pour l’élaboration d’interventions sur mesure ainsi que pour la défense des intérêts fondés sur des données probantes. La réduction des taux de VPI, en particulier en ce qui concerne la victimisation des femmes, suggère un impact positif de la loi Maria da Penha récemment mise en œuvre, renforçant l’idée que des initiatives ciblées peuvent avoir un impact sur cette question. Toutefois, en raison de son approche sexospécifique, ciblant spécifiquement les cas d’agresseur d’homme par rapport à femme-victime, cette initiative a peut-être manqué l’occasion d’avoir un impact sur des taux de violence tout aussi élevés perpétrés par les femmes. Enfin, nos résultats appuient l’idée qu’une gestion efficace des problèmes de consommation de drogues dans la société peut jouer un rôle dans la prévention de la violence familiale, en particulier la VPI.
Accédez à l’étude complète à : https://doi.org/10.1590/1516-4446-2015-1798